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POÉTIQUES.

Comme une eau de cascade, en perdant sa blancheur,
Roule à l’Arve glacé sa première fraîcheur.

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Voltaire ! quel que soit le nom dont on le nomme,
C’est un cycle vivant, c’est un siècle fait homme !
Pour fixer de plus haut le jour de la raison,
Son œil d’aigle et de lynx choisit ton horizon ;
Heureux si, sur ces monts où Dieu luit davantage,
Il eût vu plus de ciel à travers le nuage !

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Byron, comme un lutteur fatigué du combat,
Pour saigner et mourir, sur tes rives s’abat ;
On dit que, quand les vents roulent ton onde en poudre,
Sa voix est dans tes cris et son œil dans ta foudre.
Une plume du cygne enlevée à son flanc
Brille sur ta surface à côté du mont Blanc !

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Mais mon âme, ô Copet, s’envole sur tes rives,
Corinne repose au bruit des eaux plaintives.
En voyant ce tombeau sur le bord du chemin,
Tout front noble s’incline au nom du genre humain.
Colombe de salut pour l’arche du génie,
Seule elle traversa la mer de tyrannie !
Pendant que sous ses fers l’univers avili
Du front césarien étudiait le pli,
Ce petit coin de terre, oasis de vengeance,
Protestait pour le siècle et pour l’intelligence :
Le poids du monde entier ne pouvait assoupir,
Liberté, dans ce cœur ton suprême soupir !
Ce soupir d’une femme alluma le tonnerre
Qui foudroya d’en bas le Titan de la guerre ;