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ANTONIELLA.

connue si jeune et si heureuse, trois ou quatre ans avant ce désastre. Mais mon pied se heurta dans l’ombre contre une pierre, et je tombai au pied d’une haie de sureau sur laquelle les blanchisseuses du quartier étalaient leur linge à sécher.

Annunziata, qui courait après moi, me releva en criant :

« Antoniella ! Antoniella ! est-ce toi ?

— Annunziata ! » lui répondis-je.

Et nous nous serrâmes dans les bras l’une de l’autre, fondant toutes les deux en larmes, et remerciant le ciel de ce hasard qui nous faisait retrouver, à elle une fille, à moi une mère, au moment où je n’avais plus sur la terre que le sein de la mort pour m’abriter.