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ANTONIELLA

larmes, que je m’évanouis complétement et que je restai là je ne sais combien de temps sans connaissance. Je me souviens seulement que je conjurais mon père de m’ouvrir sa fosse et de me recevoir auprès de lui, pour m’arracher aux dangers et aux douleurs de la terre. Ce fut alors que je tombai dans cet anéantissement complet où le long désespoir, la soif, la faim et la fièvre m’avaient précipitée.

Quand je m’éveillai de ce sommeil léthargique, je vis un homme qui s’enfuyait. Je poussai un cri d’horreur ; il s’évada en y répliquant par un éclat de rire, et me jeta de loin un demi-talaro sur le bord de ma robe.

Et il disparut dans l’ombre.