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ANTONIELLA.

d’une carrière. Des pas sourds de chiens perdus, de renards ou d’animaux de ténèbres se faisaient entendre non loin de moi, semblables aux pas des chacals d’Arabie. Je frémis, et je recouvrai assez de forces pour courir de nouveau devant moi.

Mes mains furent arrêtées par un long mur dont quelques brèches donnaient passage dans une vaste et solitaire enceinte semée de croix de pierre blanche ou de fer luisant sous les rayons répercutés de la lune. Je m’avançai, et, à la terre fraîchement remuée, à la couronne de myrte effeuillée que, quelques jours auparavant, j’avais jetée, en pleurant, sur le cercueil de mon père, je reconnus sa fosse à peine tassée ! J’y tombai à genoux, je l’embrassai de mes deux bras, j’y fondis tellement en