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ANTONIELLA

qui faisait son éducation sous lui. L’élève connaissait aussi bien que le maître ce qui convenait à ses malades ; à celui-ci, la mauve ; à celui-là, la graine de lin ; à cet autre, la médecine ou le purgatif. Il venait quelquefois tout seul s’informer comment l’ordonnance avait opéré.

Mon père me dit, un jour, de lui offrir quelques grani pour sa récompense. Je les pris dans la bourse, et je lui tendis cet honoraire. Il devint rouge, me regarda d’une certaine manière qui voulait dire : « Vous vous trompez, ou bien vous voulez m’offenser ! » Et il refusa en retirant sa main de la mienne, comme si c’eût été une vipère qui l’aurait glacé en le touchant. Moi, de mon côté, en voyant sa répugnance, je fus toute confuse. Je retirai ma main, j’ouvris les