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ANTONIELLA

cou-de-pied ; la semelle, usée, laissait voir les doigts sous le cuir ; ses bas bleus, au talon rongé, étaient raccourcis tous les mois, le mollet glissant peu à peu sous la plante du pied ; ses culottes courtes, de velours vert râpé, avaient perdu leur couleur ; son gilet, dont les poches, larges et tombant jusqu’à la ceinture, étaient gonflées de médicaments vulgaires contenus dans des morceaux de papier gris, lui donnaient une apparence d’obésité respectable ; son habit, à gros boutons de métal ciselé et luisant, sa perruque qui le dispensait de chapeau, enfin, sa longue canne de jonc à pomme de cuivre bruni par le frottement de sa lourde main, le faisaient reconnaître de loin quand il venait rendre sa visite.

Il s’intéressait beaucoup à mon père et à