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ANTONIELLA.

Le médecin, vieillard pauvre et charitable, ne lui demandait rien pour ses visites, et il prenait même, sur son nécessaire le plus strict, tantôt une demi-fiasque de vin vieux qu’on lui avait donnée, tantôt quelques gouttes de Rosolio (liqueur du pays), pour relever un peu le cœur du malade. Mais la pitié est une grande aumône ; il en était tout pétri. Accoutumé, dans ces quartiers déserts, à ne vivre qu’avec les pauvres, il les aimait comme ses parents. Son costume ne lui coûtait guère ; soit qu’il craignit d’offenser, par trop de luxe, l’œil un peu jaloux de ses pratiques, soit qu’il épargnât, pour le donner, le peu de grani (gros sous de Naples) qui lui tombaient dans la main, ses souliers n’avaient de solide que la grosse boucle en cuivre qui recouvrait le