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ANTONIELLA

en embrassant le cou de la chèvre et en essuyant mes yeux avec sa barbe.

Bientôt mon père ne put plus se lever de son lit, ni même remuer pour se rendre à lui-même le moindre service. Toute faible et mince que j’étais, je fus obligée de le prendre, comme un fardeau inerte, dans mes bras, et de le porter au soleil, étendu sur un coussin de feuilles, à côté de moi, sur le seuil de la porte de la cour.

La vue du ciel et de la mer, les trois orangers, les deux figuiers, le bourdonnement de la ruche, dont les abeilles me connaissaient et se posaient sur moi sans jamais me faire de mal, lui donnaient quelques distractions, pendant que les grandes douleurs s’assoupissaient au soleil dans ses membres.