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ANTONIELLA

sions, toutes les fautes, toutes les misères de la terre, sans m’étonner de ce qui est poussière dans l’argile humaine. Je t’aime pour tout ce qu’il y a de touchant en toi ; je t’aimerai davantage pour tout ce qu’il a pu y avoir de coupable, même de criminel. Qu’est-ce qu’il y a de criminel irrémissible en nous, ma pauvre Antoniella ? Le crime véritable n’est que la volonté perverse de faire le mal pour l’amour dépravé du mal ; et encore le rachète-t-on par le remords qui punit, et par la pénitence qui absout. Mais, quel que soit le crime de ta vie, appelé de ce nom de crime par ce monde et par ses juges, je suis bien sûre que, si quelques-uns de tes actes portent ce nom de crime ici-bas, ils ne le portent pas là-haut, où l’on juge les intentions. Tu as pu offenser