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ANTONIELLA

Après avoir échangé quelques propos légers avec ces jolies enfants et distribué une bonne part d’aumônes entre elles, je me rapprochai insensiblement de l’angle désert de l’asile où la sœur Angélique m’avait précédé. Le supérieur l’appela, me remit à ses soins, et j’entrai, timide et hésitant, dans la cellule de la recluse.

Ma vue la fit rougir comme le soufflet du bourreau sur les joues de Charlotte Corday fit rougir celle-ci après sa mort. Tout le sang de son cœur monta à son front. La présence d’un étranger à qui il fallait parler pour être utile à l’homme qu’elle avait aimé et dont la peine ajoutait à sa peine, la remit, pour ainsi dire, en face de son crime. La navette et la dentelle s’échappèrent de ses mains, et, après avoir rougi, elle