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ANTONIELLA.

LXXXIV

Cependant, je dois dire que je regrettais encore quelque chose avec la vie. Il est bien rare qu’une jeune fille de mon âge n’ait pas, en traversant seulement la première matinée de son existence, aperçu et emporté quelque image fugitive de ce que l’existence peut offrir de plus enchanteur et de plus éblouissant. C’est comme l’ombre indécise et anticipée de l’avenir qui se jette, au lever de l’aurore, entre l’âme et la réalité. Oui, je portais cette ombre dans mon cœur, mais si profonde, si cachée, si mêlée de nuages, que je ne cherchais pas à l’éclairer, et que jamais, dans nos longs