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ANTONIELLA.

Tu m’ôtes la vie, à moi qui t’aurais cent fois donné la mienne ! Mais je ne t’en veux pas. Il faut que les souffrances que tu as subies avec moi et mes malheureux nourrissons t’aient troublé la raison et égarée jusqu’au froid délire dont tu viens de me donner la preuve !

— Eh bien, tu te trompes, lui répondis-je. Je jouis de toute ma raison, et c’est avec une connaissance complète de mon mensonge et de mon ingratitude envers toi que je t’ai accusée en m’accusant moi-même de notre crime imaginaire.

— Que veux-tu dire ? et quel a donc été ton odieux dessein ? reprit-elle. De tous les biens dont Dieu avait comblé le commencement de ma vie, il ne me restait qu’un nom intact, et dans mon pauvre cœur sur-