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yeux bleus, contrastant avec ses cheveux noirs, qu’à la dérobée, au moment où son regard était forcé de s’élever avec sa main maigre et blanche, qui tirait en haut la navette au-dessus du coussinet où s’enroulait sa dentelle. Son front, légèrement bombé par devant, s’aplatissait vers les tempes ; l’ovale régulier de ses joues était un peu déprimé au milieu ; les coins de sa bouche, affaissés, portaient l’empreinte des sanglots qui avaient longtemps attristé ses lèvres ; une pitié profonde l’enveloppait tout entière, malgré sa jeunesse, comme le linceul de marbre dont l’habile sculpteur napolitain a revêtu le corps intact du beau jeune homme enseveli dans la chapelle de San-Severino à Naples. Cette pitié était tellement communicative, qu’on ne pouvait