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ANTONIELLA.

— J’allai me réfugier dans l’égout de Monte-Oliveto, pour cacher ma honte ; et, la nuit venue, j’en sortis pour aller me noyer dans la mer au bas du Pausilippe. près du palais de la reine Jeanne.

— Et qui vous sauva ?

— Ce fut une ancienne servante de mon père, Annunziata, mariée à un invalide pensionné, et mère, depuis deux ans, de deux jolis jumeaux, qu’elle nourrissait avec la pension de son mari malade. Elle me reconnut, m’emmena par force chez elle, et obtint de son mari de me donner asile malgré sa misère. Celui-ci mourut peu de temps après ; nous tombâmes dans l’indigence, ensuite dans la faim, et nous allions mourir tous les quatre, quand, dans la dernière nuit, la fièvre de chagrin me saisit et