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ANTONIELLA.

vêtements souillés et déchirés, ses souliers éculés, les pleurs et la poussière qui tachaient son visage la firent prendre pour une de ces femmes tombées dans la lie du vice, et qui, m’y ayant entraînée avec elle, avait retrouvé en moi une ancienne connaissance de cabaret ou de prison.

Nous dûmes à cette opinion quelque soulagement à nos peines.

« Mettez-les ensemble, » dirent les femmes jeunes et vieilles aux gardiens chargés de distribuer les places dans les dortoirs.

On nous indiqua du doigt la même couche : nous nous y jetâmes tout habillées. Notre première nuit ne fut qu’une longue agonie ; Annunziata se lamentait sur ses petits, et moi sur elle-même.

« C’est mon malheur qui vous a tous en-