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ANTONIELLA

XXXVIII

Elle m’assit dans l’ombre sur les racines du sureau ; elle s’assit elle-même à côté de moi, mes deux mains froides dans ses mains, mon corps appuyé sur son cœur, sa bouche près de mes lèvres, et elle m’interrogea tendrement, comme une vraie mère interroge sa vraie fille sur un secret qui ne doit pas s’envoler dans une autre oreille.

Je lui dis tout en un seul mot.

« Mon père est mort ! Il est mort pauvre, on a tout confisqué, on a tué la chèvre, on m’a tout pris, on m’a fermé la porte sur le dos, on m’a dit : « Va où tu vou-