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qu’il ait préalablement des idées ; et de l’autre part, qu’il exécute des comparaisons entre diverses de ces idées, il seroit donc totalement privé de la faculté de penser, et entièrement dépourvu d’imagination, s’il n’avoit point de mémoire. Aussi, en disant que les muses étoient filles de la mémoire, les anciens ont prouvé qu’ils avoient eu le sentiment de l’importance de cette faculté de l’intelligence.

Nous avons vu, dans le chapitre précédent, que les idées provenoient des sensations que nous avions éprouvées et remarquées ; et qu’avec celles que ces sensations remarquées ont imprimées dans notre organe, nous pouvions nous en former d’autres qui sont indirectes et complexes. Toute idée quelconque vient donc originairement d’une sensation ; et on ne peut en avoir aucune qui ait une autre origine, ce qui, depuis Locke, est bien reconnu.

Maintenant nous allons voir que la mémoire ne peut avoir d’existence qu’après celle des idées acquises, et conséquemment, qu’aucun individu ne sauroit en produire aucun acte, s’il n’a des idées imprimées dans l’organe qui en est le siége.

S’il en est ainsi, la nature n’a pu donner aux animaux les plus parfaits, et à l’homme même, que de la mémoire, et non la prescience,