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Mais l’homme, qui vit en société, a tant multiplié ses besoins, qu’il a nécessairement multiplié ses idées dans des proportions qui y sont relatives ; en sorte qu’il est de tous les êtres pensans, celui qui peut le plus aisément exercer son intelligence, celui qui peut le plus varier ses pensées, enfin, celui qui peut se former le plus d’idées complexes : aussi a-t-on lieu de croire qu’il est le seul être qui puisse avoir de l'imagination.

D’une part, si l'imagination ne peut exister que dans un organe qui contient déjà beaucoup d’idées, et ne prend sa source que dans l’habitude de former des idées complexes ; et de l’autre part, s’il est vrai que plus l’organe de l’intelligence est exercé, plus cet organe se développe, et plus ses facultés s’étendent et se multiplient ; on sentira que, quoique tous les hommes soient dans le cas de posséder cette belle faculté qu’on nomme imagination, il n’y en a néanmoins qu’un très-petit nombre qui puisse avoir cette faculté dans un degré un peu éminent.

Que d’hommes, même à part de ceux qui n’ont pu recevoir aucune éducation, sont forcés par les circonstances de leur condition et de leur état, de s’occuper tous les jours, pendant la principale portion de leur vie, des mêmes sortes d’idées, d’exécuter les mêmes travaux, et qui, par