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aucune sensation n’y peut parvenir, ou si quelqu’une y parvient, elle n’y imprime aucun trait, ne fait qu’effleurer l’organe, ne produit point d’idée, et ne rend point sensible aucune de celles qui s’y trouvent tracées.

J’étois fondé en raisons, lorsque j’ai dit que si toute idée provenoit, au moins originairement, d’une sensation, toute sensation ne donnoit pas nécessairement une idée. La citation de quelques faits très-connus, suffira pour établir le fondement de ce que je viens d’exposer.

Lorsque vous réfléchissez, ou lorsque votre pensée est occupée de quelque chose, quoique vous ayez les yeux ouverts, et que les objets extérieurs qui sont devant vous, frappent continuellement votre vue par la lumière qu’ils y envoient, vous ne voyez aucun de ces objets, ou plutôt vous ne les distinguez point ; parce que l’effort, qui constitue votre attention, dirige alors la portion disponible de votre fluide nerveux, sur les traits des idées qui vous occupent ; et que la partie de votre organe d’intelligence, qui est propre à recevoir l’impression des sensations que ces objets extérieurs vous font éprouver, n’est point alors préparée à recevoir ces sensations. Aussi les objets extérieurs qui frappent de toutes parts vos sens, ne produisent en vous aucune idée.