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ganisation, une influence encore plus grande que celle que le sentiment physique est capable d’y opérer.

Effectivement, quel désordre une tristesse profonde et très-prolongée ne produit-elle pas dans les fonctions organiques, et surtout dans l’état des viscères abdominaux ?

Cabanis, considérant, à cet égard, que des individus continuellement tristes, mélancoliques, et souvent même sans sujet réel, offroient dans l’état des viscères dont je viens de parler, un genre d’altération toujours à peu près le même, en a conclu que c’étoit à ce genre d’altération qu’il falloit attribuer la mélancolie de ces individus, et que ces viscères concouroient à la formation de la pensée.

Il me semble que ce savant a étendu trop loin la conséquence qu’il a tirée des observations faites à ce sujet.

Sans doute, l’état d’altération des organes, et spécialement des viscères abdominaux, correspond fréquemment avec les altérations des facultés morales, et même y contribue réellement. Mais cet état, selon moi, ne concourt point pour cela à la formation de la pensée ; il influe seulement à donner à l’individu un penchant qui le porte à se complaire dans tel ordre de pensées, plutôt que dans tel autre.