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être comparées ; tout se borneroit à un sentiment intérieur qui l’avertiroit de son existence, et il croiroit que toutes les choses qui l’affectent font partie de son être. » Physio., vol.II, p. 154.

On voit, d’après cette citation, que les sens sont ici considérés, non-seulement comme des organes sensitifs, mais aussi comme ceux qui produisent les actes de l’entendement ; puisque, si, au lieu d’un seul sens, l’être cité en avoit plusieurs, alors, selon l’opinion admise, la seule existence de ces sens feroit jouir l’individu de facultés intellectuelles.

Il y a même une contradiction dans le passage que je viens de citer ; car il y est dit qu’un être qui n’auroit qu’un seul sens ne jouiroit pas encore de l’entendement ; et plus loin on dit, qu’à l’égard des impressions qu’il éprouveroit, tout se borneroit à un sentiment intérieur qui l’avertiroit de son existence, et qu’il croiroit que toutes les choses qui l’affectent font partie de son être. Comment cet être, qui ne jouiroit pas encore de l’entendement, pourroit-il penser et juger ; car c’est former un jugement que de croire que telle chose est de telle manière.

Tant que l’on négligera de distinguer les faits qui tiennent au sentiment de ceux qui sont le produit de l'intelligence, on sera souvent exposé à faire de semblables méprises.