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lieu à la moindre faculté. Aussi, le sentiment, qui est une faculté, n’est-il le propre d’aucune partie quelconque, mais le résultat de la fonction organique qui le produit.

Je conclus du principe que je viens d’émettre, que toute faculté, provenant des fonctions d’un organe particulier qui seul peut y donner lieu, n’existe que dans les animaux qui possèdent cet organe. Ainsi, de même que tout animal qui n’a point d’yeux ne sauroit voir ; de même aussi, tout animal qui manque de système nerveux ne sauroit sentir.

En vain objecteroit-on que la lumière fait des impressions remarquables sur certains corps vivans qui n’ont point d’yeux et qu’elle affecte néanmoins : il sera toujours vrai que les végétaux, et que quantité d’animaux, tels que les polypes et bien d’autres, ne voient point, quoiqu’ils se dirigent vers le côté d’où vient la lumière ; et que les animaux ne sont pas tous doués du sentiment, quoiqu’ils exécutent des mouvemens lorsque quelque cause les irrite ou irrite certaines de leurs parties.

On ne sauroit donc, avec fondement, attribuer aucune sorte de sensibilité (percevante ou latente) aux animaux qui manquent de système nerveux, en apportant pour raison que ces animaux ont des parties irritables ; et j’ai déjà prouvé, dans le chapitre IV de la seconde partie, que le