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CHAPITRE VI
Querelles entre amants.


On peut considérer les querelles entre amants comme une sorte de mignardise ou de moyen d’excitation.

Une femme qui aime beaucoup un homme ne souffre pas qu’il parle devant elle d’une rivale, ni que, par mégarde, il l’appelle du nom d’une autre femme. Quand cela arrive, il en résulte une grosse querelle ; la femme se fâche, crie, dénoue ses cheveux et les laisse tomber en désordre, se jette à bas de son lit ou de son siège, lance loin d’elle ses guirlandes, ses ornements et se roule à terre.

L’amant s’efforce alors de l’apaiser par de bonnes paroles ; il la relève et la replace avec précaution sur son lit ou siège ; mais elle, sans rien répondre, se fâche plus fort encore et le repousse ; le tirant par les cheveux, elle lui abaisse la tête, puis elle lui donne des coups de pied dans les jambes, dans la poitrine et dans le dos ; elle se dirige vers la porte de la chambre comme pour sortir, mais elle ne sort pas ; elle s’arrête près de la porte et fond en larmes.

Au bout de quelques moments, quand elle juge que son amant a fait par ses paroles et ses actes tout ce qu’il pouvait pour se réconcilier, elle doit se montrer satisfaite en le serrant dans ses bras et en lui témoignant son désir de s’unir à lui pour tout oublier ; alors la réconciliation est parfaite.

Quand la femme a sa demeure séparée et que les deux amants se sont quittés en querelle, la femme signifie à son amant que tout