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officiers, que le capitaine allait bientôt donner l’ordre de démarrer, lorsque, soudain, arriva sur le quai une modeste voiture de couvent, de laquelle descendit une jeune fille portant le costume des élèves de Jésus-Marie de Sillery.

— Un instant ! dit le capitaine aux matelots qui avaient déjà commencé à enlever la passerelle.

Ses malles embarquées, la jeune fille sauta lestement sur le navire en poussant un soupir de soulagement. Les matelots, tout joyeux d’un service rendu, coupèrent le pont qui reliait le navire au quai.

— Adieu, mère, et priez pour moi.

— Adieu, mon enfant ! Que Dieu vous bénisse ! répondit la mère supérieure en essuyant une larme.

Un garçon conduisit la jeune fille à sa cabine et elle s’éclipsa aux yeux des quelques passagers qui avaient été témoins de son arrivée précipitée.

— Lâchez les amarres de proue ! commanda le capitaine de sa voix de stentor.

Au même instant, les engins furent mis en mouvement. Par une habile manœuvre, le bateau sortit comme par enchantement du Bassin Louise où quelques instants auparavant, il semblait emprisonné.


ii


Le départ de Québec en bateau, toujours pittoresque et grandiose, avait un air de grandeur inaccoutumé par ce beau matin du 24 juin, jour de la Saint-Jean-Baptiste, fête patronale des Canadiens français.

La vieille cité de Champlain avait en effet revêtu ses habits de fête ce jour-là. Le drapeau fleurdelisé flottait à côté du drapeau anglais sur les bâtisses avoisinant la citadelle, rappelant au peuple la noblesse de ses origines et son allégeance. La haute silhouette de la tour du château Frontenac était drapée de décorations multicolores et chatoyantes.