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Jacques avait terminé sa tâche, son contrat expirant le premier novembre ; mais il résolut de se reposer avant de retourner à Québec, où il devait faire au ministère un rapport détaillé du résultat de ses opérations.

Tout en se reposant, Jacques faisait ses préparatifs de départ. Rien ne transpira des colloques intimes qu’il eut avec sa fiancée dans ce court intervalle.

La perspective du départ ne lui semblait pas aussi souriante qu’il se l’était figurée avant d’avoir rencontré celle à qui il avait donné son cœur ; mais, en homme de devoir, il fit le sacrifice de ses délices et continua ses préparatifs de départ.

Angéline de son côté partageait les mêmes sentiments ; mais, habituée aux épreuves, elle en avait pris résolument son parti. D’ailleurs, Jacques devait lui télégraphier dès son arrivée à Québec et lui écrire à chaque courrier, avec la perspective de le revoir au printemps quand il reviendrait pour continuer son ouvrage, si le besoin s’en faisait sentir.

La population du village organisa une fête en l’honneur du capitaine avant son départ. Tous les notables de la Côte se rendirent à cette cérémonie qui revêtit, par le fait même, le caractère d’une réunion régionale où, curés, maires, députés se donnèrent rendez-vous, autant pour rendre hommage à l’aviateur, que pour encourager cette population laborieuse dans la poursuite de son rude métier.

Cette démonstration eut lieu sous forme de banquet où l’habileté des cuisinières fut mise à profit, et la morue, à l’honneur, occupant la place que lui donnait sa royauté restaurée.

On était au beau milieu de la fête et chacun y allait de son boniment, louant le brave curé de la Rivière-au-Tonnerre qui avait eu l’ingénieuse idée, que quelques-uns qualifièrent d’audace, de demander au gouvernement sa coopération dans une entreprise si problématique.

— On ne pourra toujours pas faire pire que rire de moi, disait le brave curé, à ceux qui l’accusaient de témérité. Si je ne réussis pas, je serai le dindon de la farce, voilà