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— Mais tu es tout blême, Jean-Baptiste ! aurais-tu quelque chose de grave à me confier ?

— Oui, Angéline, il y a que je suis amoureux.

— Eh bien ! fais ta déclaration d’amour quand tu rencontreras celle que tu aimes. Tu n’as pas l’habitude d’être gêné ?

— C’est justement ce que je voulais faire, Angéline, mais dans d’autres circonstances que celle-ci. En disant cela, il faisait tourner son chapeau sur son index avec une telle rapidité que le vent l’emporta de l’autre côté de la clôture et l’envoya choir aux pieds d’Angéline.

Voyant l’embarras de son amoureux et ne voulant pas trop le chagriner, elle lui dit avec bonté :

— Je te comprends ; mais je regrette beaucoup, mon cher Jean-Baptiste, de ne pouvoir répondre à tes sentiments malgré toute la considération que je puisse avoir pour toi qui as été le compagnon de mon enfance. Je ne suis pas encore décidée à me marier et peut-être ne me marierai-je jamais ?

À ce moment, le capitaine Vigneault passa outre près d’Angéline qu’il salua respectueusement. Les joues d’Angéline se colorèrent en lui rendant son salut.

Jean-Baptiste, qui jusque-là regardait bas, leva soudainement la vue et saisit sur les joues d’Angéline l’émotion qui s’était emparée d’elle au passage de Jacques.

— Peut-être préférerais-tu un monsieur comme le capitaine Vigneault ? dit Jean-Baptiste d’un air résigné. Je comprends qu’une jeune fille instruite comme toi peut viser plus haut qu’un pauvre petit gas de la Rivière-au-Tonnerre.

— Je suis encore libre, fut la simple réponse d’Angéline, qui se sentait embarrassée à son tour, à la question de Jean-Baptiste.

— Eh bien, sans rancune ! dit Jean-Baptiste, et je te demande comme faveur de tenir cette conversation secrète.

— Compte sur moi. Je te comprends, mais je suis peinée de ne pouvoir répondre à ton amour. Je