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son secret et celui du bon curé qui avait l’air tout radieux depuis l’arrivée de l’aviateur. Il se rendait tous les jours au hangar en cours de construction sous les ordres du capitaine.

— Ça avance ? était toujours sa première question au capitaine.

— Oui, mais lentement. Les bateaux tous les huit jours, ça ne va pas vite quand on attend après le matériel de Québec.

Une partie de la population se tenait aux aguets pour épier les moindres mouvements du capitaine, mais lui ne semblait pas même remarquer leur présence.

De temps à autre quelqu’un essayait de déclencher une conversation avec lui.

— Ça doit coûter cher une machine comme ça ? dit un gamin.

— Oui, assez, répondit sèchement le capitaine.

— Combien de mille qui faisions à l’heure votre avion.

— Plusieurs milles, plusieurs milles, répondit-il sur le même ton.

— Venez-vous de Québec ? continua le gamin sans se décourager.

— Oui, des environs ! mon garçon.

— Venez-vous à la pêche par « icite » ? hasarda un autre gamin.

— Oui, à la pêche au marsouin, répondit-il d’un air amusé.

— Bon ! dit une commère, y en avions pour son argent le gamin à Bernard.

— Y avions pas l’air d’un bavard tout de même ce grand monsieur-là, reprit Catherine Mélanson. Peut-être qui étions pas bien intéressé à des pauvres gens comme nous.

Quand le capitaine quittait les lieux après s’être assuré que tout était bien en ordre, une partie des flâneurs et flâneuses restaient sur la grève pour commenter les quelques réponses qu’il voulait bien consentir à leur donner.