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— Que non, répondit Varsovie, on « s’étâ » peut-être trompées. La petite reine avions pas l’air trop méchante non plus, elle nous « avâ » appelées madame.

— En effet, vous « avâ » raison. Ça n’a pas l’air aussi pire que je pensions.

— C’est Joséphine et Angélique qui vont regretter de n’être pas entrées quand nous leur dirons que la demoiselle nous a appelées madame, mais je t’avouons que je n’étions pas grosse quand j’avions ouvert la porte !

— Moi non plus, répondit Varsovie ! Le curé « avâ » bien raison de dire dimanche dans son sermon qu’il faut pas faire de jugements téméraires.

— Comme de bonne, on sait rien encore, mais si elle a fait des mauvais coups ailleurs, elle en fera bien d’autres ici. On sera toujours pas responsables de leurs malheurs. Disons un autre chapelet… Je crois en Dieu… Notre Père des Cieux… Je vous salue, Marie… Gloire soit au Père…


XV


Après la cérémonie funèbre, Angéline retourna à la maison, mais elle dut s’aliter pour se remettre de ses émotions.

Antoinette Dupuis, la garde-malade du dispensaire qui avait compati aux malheurs de la famille, mais qui s’était surtout occupée d’Angéline, continua à lui prodiguer ses soins et ses consolations. Comme la maladie ne fut pas considérée grave, on ne manda pas le médecin, sa science ayant suffi aux besoins présents. Elle passait de longues heures avec Angéline, causant du couvent de Sillery où elle avait elle-même fait ses études. Elles se sentirent moins isolées toutes les deux et une solide amitié ne tarda pas à les lier.

Le bon curé ne négligea pas non plus la famille et ne perdait aucune occasion de distraire Angéline durant sa convalescence. Il aborda même une fois la question de son