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Quand Angéline eut appris que la maladie de sa mère était causée par l’anxiété qu’elle avait éprouvée à son égard, sa hâte de la revoir n’en devint que plus fébrile, et elle pressa son frère d’accélérer la vitesse de sa barque qui, ayant été avariée par la tempête, ne donnait pas sa vitesse habituelle.

Ayant enfin atteint le rivage, elle débarqua précipitamment et, sans attendre son frère ni son bagage, elle courut plutôt qu’elle ne marcha vers la maison paternelle. Son vieux père l’attendait sur le seuil de la porte et la reçut dans ses bras avec toute l’affection d’un père qui revoit son enfant après une si longue absence ; mais il ne put proférer une seule parole. Ces âmes simples et bonnes comme celle du père Guillou expriment souvent leurs sentiments par le silence ou par une larme. C’est à ce dernier signe qu’Angéline lut dans les yeux de son père et sa joie et sa douleur.

— Pauvre père, que je vous aime ! et que je suis heureuse de vous revoir, s’exclama Angéline, qui essayait de se dégager de son étreinte pour voler vers sa mère.

Les plus âgés l’embrassèrent pour la couvrir de baisers, mais elle s’en dégagea pour courir au chevet de sa mère malade.

Oh ! comme elle est belle notre grande sœur murmura la petite Agathe, la plus âgée de celles qui étaient nées après le départ d’Angéline.

— Oui, elle est belle comme toi, répondit André qui aimait sa petite sœur Agathe d’un amour particulier, parce qu’elle était non seulement la plus fine et la plus aimable de cette belle nichée d’enfants, mais aussi parce qu’elle était sa filleule.

La mère Guillou attendait Angéline à demi couchée sur son lit, brûlant du désir de revoir son aînée.

La joie mêlée d’anxiété qu’Angéline lut dans les yeux de sa mère la fit se précipiter dans ses bras pour lui prodiguer caresses et baisers. Elle l’embrassa longuement et avec effusion, mais éprouva un malaise en ne recevant pas en retour les embrassements de sa mère.