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conseils et lui fit envisager l’avenir avec confiance. Il lui donnait de faibles espérances de revoir Jacques, tout en la préparant à la résignation.

— Ce n’est pas le premier qui se soit égaré dans les forêts du Labrador, disait-il ; quelques-uns en sont revenus, si d’autres y ont laissé leurs os. Comme il faut toujours avoir confiance en la Providence, il vous est encore permis d’espérer sans cependant vous faire illusion.

— Je n’en ai plus, Monsieur le Curé. Je vous remercie de vos bonnes paroles, je suis maintenant résignée.

— Les garde-chasse ne sont pas encore de retour ; peut-être auront-ils des nouvelles à nous communiquer.

— Peut-être ? répondit mélancoliquement Angéline, en poussant un long soupir, mais d’un air qui ne reposait pas sur l’espérance.

Le curé la quitta, la laissant seule avec ses pensées. Les paroles mi-pessimistes, mi-optimistes du curé, la préparaient graduellement au grand sacrifice qu’elle devrait faire éventuellement, quand tout espoir serait perdu.


X


Chaque année, au retour de la chasse, le Père missionnaire prêche une retraite aux sauvages dans leur réserve de Musquarro.

Après le premier sermon, le Père invita les sauvages à lui communiquer toute information qu’ils auraient pu recueillir au cours de leurs excursions de chasse pendant l’hiver, et qui pourraient contribuer à retrouver l’aviateur perdu.

Chacun venait à son tour raconter les histoires les plus fantaisistes, qu’ils inventaient de toutes pièces, et dont la fin contredisait souvent le commencement.

Un seul se tenait à l’écart, tenant précieusement sous son habit un objet quelconque. Son attitude intrigua le Père qui finit par lui demander :