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— Beau commencement, murmura Jacques entre ses dents, tout en rendant les derniers hommages d’un chrétien à un autre chrétien qui a succombé dans un combat inégal.

Ce contretemps retarda un peu le capitaine dans ses opérations. Il eut même l’idée de rebrousser chemin et de ne pas poursuivre plus loin ses travaux ; mais, s’étant bientôt remis de ses émotions, il continua sa tâche.

Ayant trouvé à Gethsémani, petit poste de pêcheur, une grotte naturelle dont personne ne connaissait apparemment l’existence, il y transportait, le soir, le fruit du travail de sa journée.

Il revint le samedi soir à la Rivière-au-Tonnerre pour y passer le dimanche.

La pâleur du visage de Jacques causa bien un peu d’inquiétude à sa fiancée ; mais elle n’osa pas le questionner, toute heureuse de le voir sain et sauf.

Jacques ne raconta son aventure qu’au curé, qui l’encouragea à poursuivre son travail.

— Ce n’est qu’un accident après tout dont vous n’êtes pas responsable ! Vous n’étiez pas pour vous faire tuer sans vous défendre ? Ne troublez pas votre conscience. D’ailleurs, d’après ce que vous m’avez raconté, ce sauvage s’est repenti et le bon Dieu lui aura certainement pardonné.


IV


Jacques continua ainsi ses voyages pendant les mois de mai, juin, juillet et août, et à amasser l’or dans la cave des Guillou.

Angéline avait souvent supplié Jacques de discontinuer ses voyages.

— Vous avez assez d’or pour acheter la Côte, lui dit-elle un jour. Pourquoi vous exposer ainsi inutilement ?

— Je vous demande encore un mois de grâce et je vous promets ensuite de me consacrer entièrement à vous.