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mais personne ne pouvait résoudre le problème. Le père Doiron qui prétendait lire dans les astres et avait l’habitude de prédire la température était harcelé de questions.

— Vous qui avez coutume d’expliquer les mystères, père Doiron, disait un jour un jeune homme du village, pourriez-vous nous dire ce que vient faire, cette année, le capitaine ? Y a pas plus de marsouins que sur la main et tout semble aller bien.

— Mon petit, j’pouvions « bian » expliquer les petits mystères de la température ; mais j’avions pas la clef de celui-ci.

— « Pensa »-vous qu’il soit venu exprès pour voir sa blonde, père Doiron ?

— J’pensions ce que j’pouvions, mais j’croyons que s’il « étà » venu pour voir sa blonde, il « aurà » attendu le premier bateau ?

— Je l’avions ! Il est venu pour les Français perdus l’automne dernier.

— Va lui demander ; quant à moi, je ne ferai pas comme Archélas, pour me faire répondre qu’il vient de la lune.

— Il en « avâ » eu pour son argent tout de même ; car il a fait un beau tour en aéroplane.

— Le temps seul nous le dira, mon petit ; et, en attendant, tenez-vous tranquilles ; vous serez aussi riches à l’automne.


III


Les premiers jours de mai furent témoins des derniers préparatifs de Jacques, qui brûlait du désir de revoir l’endroit fascinateur où l’attendait une fortune.

Son grand avion blanc, qu’il avait baptisé du nom de l’Angelus, lors de sa bénédiction par le curé, le lendemain de son arrivée, prit son vol vers le Labrador par un beau matin ensoleillé, où tout présageait une journée sans nuage. S’étant arrêté à Natashquan pour y refaire son