Page:Lallier - Angéline Guillou, 1930.djvu/113

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 115 —

Depuis le Jour de l’An j’ai erré un peu partout. Je visite des amis ; je vais quelquefois au théâtre sans y trouver toutefois le charme de jadis ; « j’arpente » la rue Saint-Jean, de la Côte de la Fabrique au Chemin Sainte-Foy, où je trouve toutes les figures sans expression et d’une insignifiance qui m’amuse parfois, tant le contraste me paraît singulier avec mes impressions passées.

J’attends avec impatience des nouvelles de l’hydravion que j’ai commandé à New-York. Il est tout probable que quand vous recevrez cette lettre, je serai à en surveiller les derniers détails dans la métropole américaine.

Aux premiers signes du printemps, comme l’hirondelle qui retourne à son nid, je prendrai mon vol vers la petite maison blanche, où je l’espère, je trouverai le même accueil et jouirai du même bonheur, déjà si lointain, si j’en juge par la lenteur que mettent les jours à s’effacer au calendrier.

À mon retour à la Rivière-au-Tonnerre, j’expédierai rondement les choses et, à l’automne, avec le siège additionnel que je fais ajouter, mon avion transportera vers la rive sud et autres lieux Monsieur et Madame Jacques Vigneault.

Comme je ferme cette lettre, le facteur m’apporte la vôtre du 20 décembre. J’y répondrai par le prochain courrier.

De votre fiancé qui vous aime bien tendrement.

Jacques.


L’avenir brillait maintenant aux yeux de Jacques d’un éclat inusité. Il brûlait du désir de retourner sur la Côte, tant pour y revoir sa fiancée que pour exploiter au plus tôt son Eldorado, qui devait lui apporter une fortune le mettant au-dessus des soucis de la vie.

Cette fortune, se disait-il, va procurer le bonheur à celle que j’ai choisie comme compagne et me permettre de mettre à l’aise ma famille et celle d’Angéline ; je pourrai ensuite consacrer une partie de mon avoir aux œuvres de charité qui m’ont le plus intéressé dans le passé.