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— Pas danger pour sauvage ? Grand-Esprit parti ? me dit-il tout bas.

— Grand-Esprit dort, lui répondis-je en lui montrant le capitaine qui dormait profondément.

Je lui expliquai alors ce qu’était un avion ; mais pour rien au monde ne voulut-il y monter le lendemain matin.

Il attendra le secours des cométiques et a promis de me donner de ses nouvelles aussitôt qu’il sera de retour à Natashquan. Je l’attendrai ici ou aux Sept-Îles si le dernier bateau n’est pas parti.

— Qu’à cela ne tienne, interrompit Jacques. D’abord vous n’êtes pas en état de faire le voyage immédiatement et, si le bateau est parti quand vous serez suffisamment rétabli, vous ferez le voyage avec moi.

— Puisqu’il n’y a pas de limite à votre générosité, j’accepte, capitaine, dit l’arpenteur en essuyant son front ruisselant de sueur.

— Vous vous sentez plus mal, Monsieur, dit Angéline.

— Non, une petite fatigue ; j’ai peut-être un peu trop parlé.

— Et c’est moi qui en suis la cause, dit Angéline toute peinée. Nous allons prévenir Mademoiselle Dupuis.

Il y avait longtemps que l’embarcation avait atteint le rivage quand l’arpenteur Marcheterre eut fini son récit. Les villageois et villageoises qui s’étaient rassemblés sur la grève crurent que le compagnon de Jacques était bel et bien un des aviateurs retrouvés, et il fallut leur raconter avec force détails le récit confié à Angéline, pour les convaincre du contraire.

Le malade fut conduit au dispensaire où il reçut les soins que requérait son état, en attendant son départ.

Jacques offrit son bras à Angéline et l’escorta jusqu’à la maison. Le père Guillou attendait le retour de sa fille sur le seuil de la porte. Il offrit à Jacques de partager leur modeste souper, ce qui fut accepté avec plaisir.

Au cours du repas, il raconta tous les incidents et fit part de ses impressions, du voyage qui l’avait intéressé au plus haut point.