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millions. C’est pour cette raison que je n’ai pas hésité à confier mon capital aux Anglais. Où est Paul ?

Nous étions encore dans le hangar quand cette conversation prit fin. Je réfléchis un moment sur l’édification de la fortune de M. Latour. Pauvre M. Latour ! Il était bien inconscient du procédé louche employé par ces deux profiteurs anglais. En effet, que lui importait, à lui, que les Boers ou les Anglais sortissent victorieux de cette lutte de trois ans, pourvu qu’il y trouvât son profit ? Que lui importait que la puissante Albion, alors au faîte de sa grandeur, subît un échec aux mains de ce petit peuple de fermiers mal armé et qui ne pouvait compter que sur le secours du dehors pour soutenir la lutte ? Le rôle joué par les deux Anglais n’était pas aussi facilement excusable. Il y a donc toujours eu des profiteurs de guerre prêts à pactiser avec l’ennemi ! Peut-être, me dis-je, ai-je rencontré de ces projectiles fabriqués avec du nickel canadien, qui ont tué plus d’un de mes compagnons et, peut-être, de mes compatriotes. Malgré tout, je ne pouvais en vouloir à ce bon M. Latour, en face de son inconscience et de son évidente bonne foi.

Côte à côte, nous nous éloignâmes pour continuer notre marche sur la falaise. Mon compagnon, peu habitué à se tenir si longtemps debout, se déclara bientôt fatigué et m’invita à