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— Vous n’avez rien à craindre. Ces cigares ont faits expressément pour moi. Mon ami Dufour les aime beaucoup. N’est-ce pas, Paul ?

— Tu connais mon faible, répondit M. Dufour, la bouche empâtée comme s’il venait d’y introduire une « toque » de tire d’érable. C’était le premier mot qui sortait de la bouche de cet homme depuis le commencement du repas, M. Latour ayant fait tous les frais de la conversation. Comme d’ailleurs ce dernier m’avait l’air de brûler du désir de parler de lui-même, je décidai de pousser mon interrogatoire. Ça doit coûter cher des cigares comme les vôtres ?

Ils coûtent un dollar chacun ; mais ils valent bien ce montant. J’ai choisi moi-même la qualité du tabac qui entre dans leur confection. Je pourrais même dire que j’en connais toutes les feuilles. Connaisseur comme je suis, j’en jouis doublement. Vous refusez toujours ?

— Oui, puisque je ne fume pas le cigare. Mais je vous avoue que l’arôme, le prix et, par-dessus tout, votre savante appréciation me mettent l’eau à la bouche. Pour fumer de tels cigares, pardonnez-moi l’expression, vous ne devez pas être un « quêteux » !

— Ça n’en a pas l’air, hein ? En effet, j’ai assez bien réussi en affaires. Je suis peut-être en train de vous faire des confidences, à vous un étranger, mais, vous savez, ce n’est pas tant