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transparence douce et multicolore cachait à moitié à nos yeux, créant une féerie plus facile à contempler qu’à décrire.

J’écoutai, dans une extase moins feinte que je ne l’eusse voulue, la conversation des deux jeunes filles.

— As-tu entendu Maurice Chevalier à la radio, hier soir ? Il était superbe !

— Non, ma chérie. Hier soir, j’étais dans ma chambre. Je lisais les aventures d’Arsène Lupin. Qu’il est épatant, ce type-là !

Heureusement que la cloche annonçant le dîner vint à mon secours, car je ne sais ce que j’aurais entendu !


II


Lentement, les uns après les autres, les flâneurs s’acheminèrent vers la salle à manger. J’avisai une place libre dans un coin donnant sur le fleuve. Une dame et deux hommes étaient déjà attablés.

— Cette place est libre ? dis-je à un gros monsieur bedonnant.

— Oui… oui… pour le moment. Vous pouvez vous asseoir, me dit-il d’un petit air protecteur.

— Je vous salue, Madame, dis-je à la personne d’âge mûr qui faisait face à mon premier interlocuteur.