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je ne vivrai plus désormais que pour toi, à distance, comme il convient dans la position irrégulière où je me trouve. Je vivrai à l’ombre de ton foyer, qui sera bien un peu le mien, le seul où je me sente chez moi et le seul qui puisse réparer la brèche faite à mon bonheur. S’il nous faut, par convenance et par devoir, rester chacun de notre côté de la clôture, nos cœurs, unis par des sentiments de sublime amitié, s’abreuveront à une seule source : celle du bonheur.

— Tu as si bien exprimé mes propres sentiments, Olivier, que je n’ai qu’à confirmer tes paroles. C’est à cette seule condition, d’une amitié sans autres liens que des aspirations surnaturelles, que je réponds : oui, soyons des amis, de vrais amis !

En écoutant le récit de tes malheurs, je n’ai pu m’empêcher de penser à ceux de ton enfant. Mon cœur de mère ne peut rester fermé aux sentiments d’inquiétude, pour ne pas dire de désespoir, que te cause la solitude de Cécile qui, au sortir du couvent, se trouvera sans foyer, sans soutien moral autre que celui que tes moments de loisir pourront lui procurer. Je n’ai à lui offrir que les débris d’un foyer brisé par la misère, de laquelle tu m’as momentanément tirée, mais c’est à bras ouverts que je l’accueillerais, si tels pouvaient être son désir et ta volonté.