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me sentais maintenant comme un lion adouci. L’âme tendre et sensible d’Allie avait chassé de moi toute aigreur. Son charme m’enveloppait entièrement, mais sans faire naître en moi même le simple désir d’une cordiale étreinte.

Depuis l’échange de nos dernières paroles, Allie était restée assise, comme figée, devant la grande glace suspendue au mur. Que se passa-t-il dans son âme pendant que dans mon cœur s’agitaient ces sentiments suscités par les événements que ma mémoire me représentait avec tant de vivacité qu’on aurait dit qu’ils s’étaient passés la veille ? Je rompis le silence le premier.

— Tu dois être fatiguée, Allie ! dis-je, un peu troublé par les émotions qui venaient de m’assaillir.

Allie, qui semblait aussi émue que moi, murmura quelques paroles incohérentes que je ne pus saisir. — Tu n’es pas malade, Allie ? repris-je.

— Non, Olivier, mais après tant d’émotions je me sens brisée et j’ai besoin de repos.

— Je ne puis pourtant pas te laisser dans cet état !

— Sois tranquille, mon ami ! Dans les grandes émotions, la solitude est parfois salutaire. Je ne suis pas malade… J’ai déjà sup-