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dérable de ces diamants que leur mise sur le marché les réduirait à vil prix. Ce serait la ruine pour nous et le néant pour vous. Voici nos propositions : vous nous cédez votre stock au complet et vos droits de mine. En échange, nous vous donnons quarante-neuf pour cent des parts de notre compagnie, dont vous devenez un des directeurs.

Je ne pouvais repousser une telle proposition et j’acceptai d’emblée.

Dans l’espace de vingt-quatre heures, j’avais été arrêté, condamné à mort, libéré, et j’étais devenu millionnaire. J’avais bien mérité un petit congé, après tant d’émotions, et je partis pour un court séjour au bord de la mer, près de Port-Elizabeth.

Je retournai à Capetown le dimanche suivant, afin d’assister à la messe et pour ne pas manquer à ma promesse de rendre visite au juge en chef. J’avoue que cette seconde rencontre avec le magistrat m’émut moins que la première. J’étais jeune, cependant, et l’idée de rendre visite à la famille d’un juge me troublait un peu. Bah ! me dis-je, puisque je suis désormais millionnaire, je puis coudoyer tout le monde. La richesse n’est-elle pas le passe-partout par excellence ? Il fallait bien que je m’habitue à ce monde nouveau, puisque j’habiterais désormais le pays ! Je me suis alors, et souvent depuis, fait cette réflexion qu’après