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repris un train de vie ordinaire. Les maisons désertes étaient de nouveau habitées par leurs propriétaires, qui avaient tout quitté à l’approche de l’armée anglaise. La tristesse et la fatigue se reflétaient bien encore sur les figures de ces Bughers, improvisés soldats pour la défense de leur pays, mais ils étaient fiers de la lutte longue et héroïque qu’ils avaient soutenue et de n’avoir cédé que devant la force. Ils étaient sortis de la lutte avec la satisfaction d’avoir glorieusement combattu pour une juste cause !

Sur le quai de la gare, je reconnus le général Smutts, qui causait amicalement avec un colonel anglais. Quoique avec un fort accent hollandais, le général parlait l’anglais avec une volubilité qui me surprit. Par les bribes de conversation que je pus saisir, je compris que le général exprimait avec fermeté l’opinion que la paix ne serait durable qu’en autant que les clauses du traité de paix seraient intégralement respectées, particulièrement en ce qui touchait à la langue des habitants du nouvel État qui allait être constitué.

Le train se remit en marche après deux heures d’arrêt. Tout le long de cette voie ferrée où le canon avait si souvent tonné pendant ces trois années de guerre, régnait un silence de mort. C’était l’oubli, dans le silence, des innombrables soldats anglais et boers qui, ayant