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Les frontières n’étaient pas gardées, et nous pénétrâmes facilement jusqu’à l’intérieur du pays, munis tous les deux d’un fusil de chasse qu’on nous avait permis d’emporter pour nous défendre contre les bêtes sauvages que nous pourrions rencontrer dans la brousse.

Libres comme l’oiseau dans l’air, sac au dos, le fusil en bandoulière, munis d’eau potable pour une semaine et de biscuits hard tac en quantité, nous nous engageâmes, le cœur gai, dans ces régions mystérieuses où l’homme blanc ne pénètre que très rarement.

Nous cheminâmes toute une journée, par une chaleur atroce. Pour l’homme blanc, l’Européen, la brousse est une espèce d’enfer chauffé à blanc. Pas la moindre petite brise n’y vient rafraîchir l’atmosphère. De temps à autre nous entendions un bruissement de feuilles et la crainte s’emparait de nous. Le plus souvent, ce n’était qu’un oiseau qui prenait son vol à notre approche. Parfois un grondement sourd nous donnait le frisson, tandis que le moindre craquement de branche nous portait instinctivement à épauler notre fusil.

Il n’y a pas de crépuscule sur cette terre africaine. Le jour brillant cède la place à la nuit sombre sans transition. Seul le soleil qui baisse à l’horizon nous avertit de l’arrivée des ténèbres.

Le premier soir de notre incursion, alors que nous cherchions une grotte pour nous réfugier