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des conseils aux vieux généraux boers ? L’âme boer, même après le voyage du président Krüger à Paris, ne pouvait saisir l’élan de générosité de ces fils de la France toujours prêts à voler au secours des faibles. Ils avaient pourtant ajouté foi aux promesses d’aide du kayser, promesses qui s’étaient envolées comme plumes au vent !

Notre corps de génie s’éveilla donc, un beau matin, le nez sous les baïonnettes françaises, nos sentinelles ayant été surprises et faites prisonnières avant nous. Pris à l’improviste et désarmés, nous n’avions qu’à lever les mains et à nous rendre.

Personne n’est maître de ses impressions, et je ne le fus pas des miennes au moment où j’allai déposer mon épée. Aurais-je voulu l’être que je ne l’aurais pu ! Devant l’uniforme français bleu horizon, en voyant la figure ouverte, l’air martial et hautain du jeune colonel, j’eus presque envie de crier : Vive la France ! Je le dis en d’autres termes.

— Je suis heureux, général[1], qu’ayant à rendre mon épée, ce soit à la France que je la rende !

— Comment ? Vous, un Français, sous l’uniforme de notre éternel ennemi ? Avez-vous oublié Fachoda ?

  1. Le colonel de Villebois-Mareuil avait le titre de général dans l’armée boer.