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dans le regard du plus humble troupier tout l’orgueil d’Albion au souvenir de cette captivité imposée à l’empereur déchu. Quels sentiments contraires m’émouvaient lorsque je comparais l’étroitesse de cette enceinte avec la gloire qu’elle avait renfermée pendant des années ! L’ombre du grand empereur plane encore sur ce paysage sinistre ; et c’est à cause de son souvenir et seulement à cause de cela que cette île déserte conserve sa renommée historique.

Sainte-Hélène était la dernière escale du bateau. Nous reprîmes la haute mer, cette mer si calme du Sud. Notre bateau avançait tranquillement, faisant lever de temps en temps une nuée d’exocets qui sortaient de la mer par milliers pour voler à fleur d’eau pendant plusieurs minutes et reprendre ensuite leurs ébats aquatiques.

Un bon matin, l’enseigne du vaisseau annonça : « Terre ! » Nous nous précipitâmes sur le pont tous ensemble. À mesure que nous avancions, nous voyions se dessiner à l’horizon le mont Table. Déjà, le soleil du midi empourprait sa crête de granit. La température, qui était supportable au large, devenait accablante à mesure que la terre ferme, inondée par les rayons du soleil tropical, nous renvoyait de plus près sa chaleur.

Nous débarquâmes enfin sur le sol brûlant. Une activité fébrile régnait sur les quais. L’ar-