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la raison de cette différence, si l’on réfléchit que les vibrations de deux cordes ne sont réellement concurrentes, c’est-à-dire commençantes en même temps et se faisant dans le même sens, qu’après un nombre de vibrations double de celui qui est porté par la nature des deux cordes données ; d’où il suit que, puisque les battements ne consistent que dans la concurrence des vibrations, le nombre déterminé par l’expérience de M. Sauveur sera précisément la moitié de ce qu’il est en effet, et dans ce cas les résultats de l’expérience s’accordent assez bien avec ceux de la théorie.

53. Puisque les mouvements des parties de l’air contenu dans une flûte quelconque sont les mêmes que ceux d’une corde de musique correspondante, il s’ensuit que la durée de leurs vibrations pourra de même, dans certains cas particuliers, devenir moindre qu’à l’ordinaire, et n’en être plus que la moitié, le tiers, le quart, etc., comme nous l’avons démontré dans les cordes vibrantes, lorsqu’elles se divisent en plusieurs ventres égaux. Or ceci arrive précisément dans les instruments à vent lorsqu’on augmente d’une certaine façon la force du souffle ; car c’est une vérité de longtemps reconnue dans les trompettes et dans toutes sortes de flûtes, et surtout dans les traversières, que par un simple changement d’embouchure on obtient depuis le son grave ou fondamental ceux qui y répondent comme les nombres savoir l’octave au-dessus, la douzième, la quinzième et la dix-septième majeure ; car le son suivant est proscrit de l’harmonie du son principal.

Au reste, quelque fondée et plausible que soit cette théorie des instruments à vent, il faut pourtant avouer qu’on ne saurait encore par son moyen rendre raison de toutes les propriétés qu’on y observe et qui regardent la forme de l’instrument, la largeur et la position des trous. Car ayant mesuré au juste leurs distances dans de bonnes flûtes traversières et douces, je ne les ai point trouvées tout à fait proportionnelles aux tons correspondants. De plus, on sait que pour rendre certains tons, il faut une combinaison donnée de trous ouverts et bouchés, ou entière-