Page:Lagrange - Œuvres (1867) vol. 1.djvu/182

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une telle corde avec les sons naturels d’autres cordes semblables, et il reconnaît que la longueur de celles-ci doit toujours égaler celle de la partie de la corde donnée qui est interceptée entre le chevalet et le bout le plus proche. Il en est de même si le chevalet est placé à la seconde, troisième, … division, et en général la corde forme toujours autant de nœuds, immobiles à égale distance les uns des autres, qu’il en faut pour que le chevalet réponde à l’un d’eux, et le son rendu est toujours semblable au son que produirait une des parties de la corde comprise entre deux des points de repos naturels. Que si le chevalet divise la corde en deux parties incommensurables, la corde ne fait pour lors que frémir, sans résonner, et l’on n’entend qu’une espèce de bruit confus et désagréable à l’oreille.

51. On sait qu’en prenant le son d’une corde pour fondamental, sa moitié rend l’octave au-dessus, son tiers rend l’octave de la quinte, son quart rend la double octave du son fondamental, et la cinquième rend la double octave de la tierce ; les autres divisions ne forment plus que des dissonances avec le son principal, à moins qu’elles ne donnent des octaves de ceux-ci. D’où il s’ensuit que l’on ne peut tirer d’une même corde d’autres sons harmoniques que la quinte ou la tierce, en omettantles octaves qui peuvent être regardées comme des répétitions de leurs sons principaux. Ainsi la trompette marine, qui est composée d’une seule corde à laquelle on applique le doigt en la faisant résonner avec un archet, ne produit jamais d’autres sons que ceux qu’on vient de nommer, et le doigt tient lieu de l’obstacle léger qui divise les vibrations de toute la corde.

On a encore heureusement appliqué cette théorie à toutes les espèces de violons où, par le moyen d’une légère pression de doigt, on produit des sons harmoniques très-agréables à l’oreille et qui s’approchent beaucoup du son des flûtes ; on pourrait même, je crois, avec beaucoup d’exercice, parvenir à exécuter sur le violon une pièce quelconque de musique par des sons toujours harmoniques, car, pour en tirer tous les sons nécessaires, il ne s’agirait que d’ajuster sur les cordes deux