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pées ; par conséquent, si ces parties sont entre elles incommensurables, les mouvements de la corde deviendront irréguliers, pendant que dans tout autre cas les vibrations s’achèveront dans un temps proportionnel réciproquement à celui des ventres naturels de la corde.

50. On s’est aperçu depuis longtemps qu’une corde pouvait rendre dans certaines circonstances des sons aigus, qui différaient plus ou moins du son naturel, et on a même reconnu que ces sons n’étaient presque jamais que l’octave au-dessus, l’octave de la quinte et la double octave de la tierce.

M. Sauveur, qui a fort bien traité cette matière, dans son Système général d’Acoustique imprimé parmi les Mémoires de l’Académie royale de Paris pour l’année 1701, s’est appliqué le premier, que je sache, à découvrir la véritable origine de ces divers sons rendus par une même corde, qu’il appelle sons harmoniques ; il prend (fig. 15) pour cela une

Fig. 15.
Lagrange - Œuvres (1867) vol. 1.p181
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corde d’une longueur quelconque qui, étant pincée à vide, forme des vibrations simples et uniques qui rendent le son naturel de la corde qu’il nomme son fondamental ; il divise ensuite cette corde en un nombre de parties égales, et mettant un chevalet mobile ou un autre obstacle quelconque léger au premier point marqué des divisions, de sorte que le mouvement qu’on donne a la corde puisse se communiquer de part et d’autre, et que l’obstacle posé ne fasse d’autre effet que d’obliger le point où il est appliqué à rester toujours en repos, cet Auteur observe que si l’on ébranle la corde dans cet état, elle se divise naturellement par une espèce d’ondulation en autant de ventres égaux, dont les extrémités qui restent immobiles répondent précisément aux points marqués des divisions ; car ayant mis sur la corde divers morceaux de papier, il trouve que ceux qui sont sur les nœuds ne sont point du tout déplacés, les autres au contraire tombent aussitôt que la corde commence de se mouvoir. M. Sauveur compare de plus les sons harmoniques produits par