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le merveilleux voyage de nils holgersson

tiques. Quel plaisir, la veille de la foire, de venir dans la cuisine, et de voir le plancher jonché de genévrier haché menu, les murs reblanchis et les cuivres étincelants sous la corniche du plafond !

Mais après la foire, on n’aurait pas de long répit. Il allait falloir se mettre au macquage du lin ; pendant la canicule on avait étendu le lin à rouir sur un champ. On l’avait ensuite mis dans la vieille étuve et on avait chauffé le grand four pour le sécher ; lorsqu’il serait suffisamment sec, un jour on réunirait toutes les femmes du voisinage. Elles s’installeraient dehors devant l’étuve et macqueraient le lin. Puis elles le battraient avec des écangs pour retirer les fibres fines et blanches des tiges. Les femmes seraient blanches de poussière, mais cela n’arrêterait point la gaieté et le bavardage qui retentiraient comme une tempête autour de l’étuve.

La préparation du lin achevée, on avait à assurer la cuisson du pain dur pour l’hiver, la tonte des moutons et le changement des domestiques. En novembre, viendraient les journées fatigantes où l’on abattait le bétail et où l’on faisait les provisions de saucisses, saucissons, petit salé, etc., et enfin, le coulage des chandelles. La couturière qui faisait des robes avec l’étoffe tissée à la maison viendrait ; on avait toujours deux semaines charmantes où tout le monde était réuni et occupé à la couture. Le cordonnier qui faisait les chaussures de toute la maisonnée travaillait en même temps dans la chambre des valets ; on ne se lassait pas de le regarder couper le cuir, poser des semelles et coudre.

Mais la grande hâte viendrait vers Noël ; à la Sainte-Lucie, la femme de chambre, vêtue de blanc, une couronne de verdure et de bougies sur les che-