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à travers la suède

Les oies, en passant au-dessus de Jönköping menaient toujours le même bruit, mais, dans la ville, personne ne fit attention à elles. Il ne faut pas s’attendre à ce que les citadins s’arrêtent en pleine rue pour lancer des appels aux oies sauvages.

Le voyage continua le long du Vettern ; les oies arrivèrent au-dessus du sanatorium de Sanna. Quelques malades étaient sortis sur une véranda pour jouir de l’air printanier ; ils entendirent les oies :

— Où allez-vous ? Où allez-vous ? demanda l’un d’eux d’une voix si faible qu’on l’entendait à peine.

— Au pays où il n’y a ni douleur ni souffrance, répondit le gamin.

— Laissez-nous venir avec vous !

— Pas cette année, répondit Nils. Pas cette année.

Un peu plus loin, les oies arrivèrent à Huskvarna. Huskvarna est située au fond d’une vallée. De belles montagnes escarpées l’entourent. Un cours d’eau se précipite en une série de longues et étroites cascades. De grandes usines et des fabriques s’accotent aux flancs des montagnes ; dans la vallée se dressent les demeures des ouvriers, entourées de jardinets avec, au centre, les maisons d’école. Au moment où les oies sauvages arrivaient une cloche sonna ; une foule d’enfants sortirent de l’école, en rangs. Ils étaient si nombreux que la cour de récréation en fut bientôt remplie.

— Où allez-vous ? Où allez-vous ? crièrent les enfants en entendant les oies sauvages.

— Là où il n’y a ni livres, ni leçons, répondit le gamin.

— Emmenez-nous ! Emmenez-nous !

— Pas cette année ; une autre année ! répondit Nils. Pas cette année, une autre année !