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éternelle, celle qui assure la victoire au conquérant, et l’enthousiasme des foules à l’orateur de génie ; la foi qui accomplit desv miracles ; la foi qui donne à l’homme un point d’appui dans l’infini ; la foi qui est l’orgueil pur ; qui est la volonté ; la foi qui est la force du monde, et qui fit dire à Gœthe, dans un superbe aveuglement vis-à-vis de nos fins dernières, que si les hommes sont morts jusqu’à présent c’est qu’ils l’ont bien voulu !

Mais n’est-ce pas aller un peu loin ? J’ai parlé de la foi pour en revenir au don du Poète, vertu mystérieuse dont se réclame si fâcheusement l’improvisation, ce témoignage immédiat de l’impuissance créatrice.

Le don du Poète est une condition psychique supérieure, comme l’héroïsme.

Son existence ne correspond, chez l’individu, à aucun signe extérieur, et jamais ne justifia ces singularités d’attitude auxquelles la légende est si complaisante et les farceurs si fort enclins. L’homme à qui l’a dévolu le destin n’est pas un visionnaire halluciné qui butte aux réverbères comme aux arbres de